Taxi Téhéran
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Figure centrale du cinéma d’auteur et symbole de la résistance artistique face à la censure de son pays, Jafar Panahi est un cinéaste iranien qui explorent avec finesse les réalités sociales et politiques du pays qui l'a vu naitre.
Né le 11 juillet 1960 à Mianeh, en Iran, Jafar Panahi, s’est d’abord fait connaître dans les années 1990 avec des films comme Le Ballon blanc (1995), qui remporte la Caméra d’Or à Cannes, et Le Miroir (1997), des œuvres ancrées dans le néoréalisme iranien, mettant en scène des enfants pour refléter les contradictions de la société.
Ses films ultérieurs, comme Le Cercle (2000, Lion d’Or à Venise) et Hors jeu (2006, Ours d’Argent à Berlin), abordent des thèmes plus ouvertement politiques, tels que les droits des femmes et les inégalités sociales, ce qui lui vaut l’attention des autorités iraniennes.
En 2010, le réalisateur iranien est arrêté pour propagande contre le régime et condamné à six ans de prison, assortis d’une interdiction de réaliser des films, de voyager ou de donner des interviews pendant 20 ans, cette répression n’a pas brisé sa créativité, il a continué à tourner en secret, produisant des œuvres comme Ceci n’est pas un film (2011), Pardé (2013) et Taxi Téhéran (2015), réalisées dans des conditions clandestines.
Mélange de fiction et de réalisme, Taxi Téhéran est tourné sous le nez des autorités, avec des caméras cachées dans un taxi, le film incarne son génie à transformer les contraintes en atouts narratifs, récompensée par l’Ours d’Or à la Berlinale, Taxi Téhéran est une œuvre d’une audace et d’une humanité saisissantes.
Tourné comme un documentaire, Taxi Téhéran voit le cinéaste incarner un chauffeur de taxi sillonnant les rues de Téhéran, il transforme son véhicule en véritable studio ambulant grâce à trois petites caméras, une discrétion qui permet de capter une vision discrète de moments suspendues dans le temps.
Durant le métrage, plusieurs passagers vont monter et descendre de ce taxi, un vendeur de DVD pirates, une avocate des droits humains, deux vieilles dames superstitieuses, ou encore sa propre nièce, cinéaste en devenir, des portraits et des visions différents de cet Iran contemporain qui révèle plusieurs facettes de la société, la censure, les injustices sociales, la débrouille quotidienne mais également l’espoir qui résiste toujours malgré un quotidien incertain.
Le film est le parfait exemple de ce que le cinéma est capable de faire afin de permettre la transmission pour s'ouvrir au monde, malgré des moyens limités et rudimentaires, Jafar Panahi offre aux spectateurs du monde entier ce qu'est le peuple iranien et ne pas pas le confondre avec son gouvernement.
À travers les passagers qu'il transporte dans son taxi, le réalisateur dresse un portrait nuancé de la société iranienne, les conversations révèlent les tensions sociales présentes dans le pays mais également les inégalités, l'injustice et fanatisme religieux, une société complexe (comme beaucoup d'autres), à la fois oppressée par un régime et désirant vivre comme jamais.
Au casting on retrouve Jafar Panahi qui incarne le chauffeur de Taxi, Nasrin Sotoudeh, une avocate iranienne et militante des droits humains, connue pour son plaidoyer en faveur des droits des femmes , des prisonniers politiques et de l'abolition de la peine de mort en Iran.
Son courage lui a valu une reconnaissance internationale, lui valant le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit décerné par le Parlement européen en 2012, au cours des 25 dernières années, elle a subi d'importantes répercussions personnelles et professionnelles en raison de son travail, notamment de multiples arrestations, de lourdes peines de prison et le harcèlement de sa famille.
Elle a été arrêtée à plusieurs reprises avec des peines importantes, en 2010, elle a été arrêtée pour des motifs de sécurité et condamnée à six ans de prison, en 2018, elle a de nouveau été arrêtée pour avoir représenté des femmes qui protestaient contre les lois sur le hijab obligatoire, un an plus tard elle a été condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouet , peine réduite plus tard à 27 ans, puis 10 ans, en 2023, elle a été violemment arrêtée lors des funérailles d'Armita Geravand, une adolescente décédée après une prétendue altercation avec la police des mœurs, elle est actuellement prisonnière politique en Iran.
Le reste des personnes qui apparaissent dans le film sont des acteurs non professionnels qui restent anonymes pour des raisons de sécurité, ce qui prouve une nouvelle fois la difficulté de s'exprimer librement dans ce pays à l''histoire riche composée d'une mosaïque de cultures façonnée par des millénaires d' histoire, mêlant traditions persanes anciennes, influences islamiques et dynamiques modernes
En mêlant magnifiquement fiction et réalité, Jafar Panahi livre avec Taxi Téhéran une œuvre qui dénonce les injustices d'un régime répressif à travers des histoires humaines qui reflète tout un panel de la société iranienne.
Jafar Panahi est célèbre à travers le monde pour son courage et son talent, Taxi Téhéran n'a fait que confirmer son statut d’icône de la liberté artistique, en tournant malgré l’interdiction, Panahi affirme que l’art ne peut être contraint à l'anéantissement.
Des histoires humaines
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Synopsis :
Tourné comme un documentaire, Taxi Téhéran voit le cinéaste incarner un chauffeur de taxi sillonnant les rues de Téhéran, il transforme son véhicule en véritable studio ambulant grâce à trois petites caméras, une discrétion qui permet de capter une vision discrète de moments suspendues dans le temps.
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Anecdotes :
Jafar Panahi a commencé par filmer de vrais clients dans son taxi avec son téléphone portable, mais lorsqu'un des clients lui a demandé d'éteindre la caméra pour protéger sa vie privée, le réalisateur a décidé de tourner un docu-fiction, pour éviter de mettre ses clients en danger.
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Le film a été présenté le 6 février 2015 lors de la 65e édition du Festival international du film de Berlin.
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Le film a été tourné à l'aide de trois petites caméras Blackmagic Design Pocket Cinema.
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Jafar Panahi n'étant pas légalement en mesure de quitter l'Iran pour assister au festival de Berlin, c'est sa nièce, Hana Saeidi, qui apparaît dans le film, qui s'est rendue sur place pour recevoir le prix en son nom.
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